
Je suis une femme légère. J’aime les bulles de savon qui remontent vers le ciel pour éclater, inconsistantes.
Je suis légère et je crois que parfois cela dérange.
A ma naissance on a béni l’émerveillement
Le regard nouveau porté sur le monde
La bénédiction consistait
A me donner le choix
De mes désirs profonds
A me laisser porter
Au gré des courants d’air
A soulever les images
Qui heurtent l’imaginaire
Je suis légère et c’est ainsi
Le rire jaillit souvent pour révéler
L’élan de vie
Plus tard quand j’ai grandi
A la verticale
J’ai compris que ma légèreté pouvait peser
A ceux qui préfèrent accrocher
Les ballons d’hélium à leurs branches
Qu’il faudrait tailler dans le vif
A chaque saison nouvelle
Les attaches superflues
Jouer aux rites mortuaires
Pour voyager léger
Je porte les racines dans mon ventre
Aujourd’hui je sais reconnaître ce que la légèreté a d’insoutenable. Je laisse filer les rayons de lumière.
Le vent souffle sur la colline
Et moi je m’amourache
Des étés indiens
Du soleil qui se propage
J’ai conscience que l’autodérision est la seule manière de survivre à la pesanteur.
Alors je ris encore
Et dans les fines particules
S’envolent les oiseaux
Élémentaires
Loin de nos perpétuelles déconvenues
Trop terre à terre