
Dans l’aube des opiacés
J’ai dépecé la peau
Et rasé le duvet
Qui parsemait le dos
La paille en dedans
Emplira les cratères
La chair boursouflée
Les herbes laissées folles
De notre ancien jardin
Et germeront les graines
Des plantes de pavot
J’aspire au vide
Au dépouillement
J’inspire la fumée
Fatigue la somnolence
J’ai ligaturé les organes
La vésicule biliaire
Est acide aujourd’hui
J’ai l’intestin abîmé
De tous nos abandons
Je tomberai tous les murs
Qui empêchent la lumière
De pénétrer le corps
D’irradier la raison
Les hallucinations
J’ai recousu les fils
Un à un sur le vif
Exposé le diaphragme
Aux bactéries allogènes
Aux volutes anesthésiques
Sur mon corps momifié
J’ai dévidé le cœur
J’ai suturé la plaie
Le souvenir est trop lourd
Ou bien inadapté
Aux stratégies tenaces
De l’oubli et du temps
Aux effets secondaires
De nos joints impériaux
Il obture le diaphragme
Et les vaisseaux sanguins
Il fallait assainir
Des rites mortuaires
Pour conjurer le sort
Et oublier ton nom