
Je préfèrerais ne pas
avoir à m’excuser
pour vivre un peu trop fort
le monde trop grand pour moi
ne pas cacher mes failles
ne pas les exposer
au grand jour et
dans mes addictions
ne pas rompre les serments
passés avec moi-même
ne pas recommencer
le lendemain matin
je préfèrerais ne pas
avoir besoin de plaire
connaître le pouvoir
ne pas l’utiliser
ne pas déborder
de ce cœur trop plein
trop grand
pour moi
ne pas faire peser sans cesse
ma culpabilité
sur les autres
qui s’aventurent à m’aimer
Je préfèrerais ne pas
aimer l’odeur du sexe
la présence étrangère
sur mes draps souillés
ne pas avoir à trahir
par légèreté
ne pas avoir à dire
je suis une planche pourrie
recouverte d’un vernis
que j’ai nommé poème
Je préfèrerais ne pas
avoir à demander
la permission ou
le pardon
pour le cœur qui déborde
les questions dans ma tête
ou pour les draps souillés
ne pas demander qui suis-je
à chaque seconde
peut-on jamais le savoir
je préfèrerais savoir
et seulement exister
repeindre les blessures
d’un peu d’humilité
les forcer à partir
lorsqu’ils pensent mériter
un peu mieux que tout ça
de l’ordre dans le chaos
ou leur demander de m’aimer
sans doute pour ce que je suis
un poème abîmé
qui attend qu’on le lise