
I
De ces jours bleus où j’ai pensé renaître
Consolider les os et la structure
De la colonne vertébrale
En cimentant le squelette
Des amours mortes – du goût maussade
Il faudrait peut-être préciser
Que la chute n’a rien d’héroïque
Ce qu’elle a de grandiose
Dans sa banalité
Sédimente nos êtres
La cicatrisation
Couverture de survie
Le poids d’un autre homme allongé sur ma chair
Sur la lombaire tassée
L’embrasser à pleine dent
Sans douleur – sans peine
J’ai peu aimé enfin
J’ai vu beaucoup de tendresse
Dans le lent processus
De cicatrisation
J’ai retrouvé l’adresse
Les gestes et la pudeur
De la nuit reproduite
En mille particules
J’ai confiance – sans doute nous sommes guéris
Je sais que ma colonne
Portera la nuque
La tête droite
Les connexions neuronales
Le souvenir d’un monde nouveau
Le besoin d’exister
A travers les mots
De sublimer la chute – la calcification
II
Ce qu’il y a de positif à
L’écœurement
C’est qu’il m’ôte le cœur
Le dévisse de la poitrine
« En maintenance » qu’ils disent
Je dois construire la méthode
Pour continuer à exister
Rigoureusement
Me défaire des spirales où je n’ai
Jamais appris à nager
Je continue de découper dans la chair
Les morceaux de fer blanc
Les lilas les iris
Que nous n’avons pas récoltés
La saison avance
Je dois me séparer de tout
Ce qui est superflu
Les lilas les iris
Pour que la sève remonte
Irrigue les effluves
Ou mon corps bousculé
Par l’été qui impose
De suspendre la vie – les préoccupations
De se relier au rythme
Des arbres en rhizome
III
Les cigales coulent sous mes paupières
Frappent doucement à la porte
Des cils – sur les yeux refermés
– Disons mi-clos.
La ligne d’horizon s’enfuit
Sur la pierre – le calcaire
Est-ce que ma bouche
Les cavités
Deviennent troglodytes
Lorsqu’elles s’arriment à mon visage ?
Je ne suis pas très sûre
De la pertinence des réflexions
Qui traversent mon cerveau
Courants d’air (?)
Parfois les corps se replient
Se penchent en avant – sur eux-mêmes
Alors ils deviennent les ombres
Du feuillage mouvant
La lumière les taquine
Les contours s’amenuisent
Il y a dans mes tympans
Les cailloux de cristal
Qui craquent sous nos pas
Et dévalent la courbe
Des collines – de mon dos
Dégringole la sueur
Gouttes sourdes sur le sol
J’aimerais que leur sel
Sédimente la terre
Un ancrage profond
Incrusté dans la roche