
Au bord des lèvres
l’âme qui s’élance
contre la digue
contre ce résidu de toi
accroché au rocher de mon vieux corps
je déchirerai à la lame
les lambeaux et la peau
Contre les vieux os de cette histoire
les squelettes du souvenir
Contre Kundera et Rohmer
les prophéties
nos projets avortés
Contre les poèmes et l’amour
les représailles
de la joie crue
parce qu’il faut en finir
Contre l’égo blessé
ce qui est tordu en dedans
le clou rouillé
l’oxyde qui infuse dans le cerveau
s’insinue dans les veines
violacées
la maladie
Contre les relations satellitaires
Contre nos jalousies
ce besoin d’appartenir
de posséder
l’unicité et la chair
Contre le monde retrouvé
aux portes de nos tombes
Contre l’ennui
la nuit qui n’en finit plus
Contre les langues mélangées
Contre nos excès et l’envie
de nourrir la bête
la transe
les maudits
Contre le corps que je laisse parfois
au pas de la porte
la chair meurtrie
le lendemain
Contre celle que j’étais
j’ai besoin de croire
à l’âme qui se relève
Contre celle que je suis
j’ai besoin qu’elle meure
pour que l’âme guérisse